LE CHIEN PEUREUX
II ne veut plus sortir, il craint les voitures, il ne
supporte pas l'approche d'un étranger, s'il est confronté à un événement
inconnu c'est la panique, même dans la maison il sursaute au moindre bruit
!. II est souvent difficile de comprendre ce comportement de crainte que
l'on ne s'explique pas, alors comment réagir ?
I - L'INFLUENCE DÉTERMINANTE DU MILIEU
D'ÉLEVAGE
- Hérédité
Nous ne nous étendrons pas sur la transmission
héréditaire de la peur, il faut savoir que cela existe. Des études faites
aux Etats-Unis ont démontré qu'il y a des lignées émotives et des lignées
stables, par exemple à l'intensité du coup de sifflet nécessaire à les
faire sursauter. C'est la raison pour laquelle il existe des T.A.N. (Tests
d'Aptitudes Naturelles) ou d'autres tests pour les races de chiens
d'utilité, afin d'éliminer (en principe) de la reproduction ceux qui ne
présentent pas des qualités irréprochables, en particulier la résistance
au stress.
- La mère
Elle est dans tous les cas le modèle à suivre, une mère
craintive transmet par mimétisme ses mauvais comportements à ses chiots.
On dit dans les clubs de race qu'il faut surtout s'attacher à une
sélection sévère des mâles qui vont engendrer beaucoup de petits, il
faudrait peut-être insister sur le fait que d'un point de vue caractériel
c'est la femelle qui devrait être absolument irréprochable.
- Le milieu
Les chiots sont de petits êtres sensibles qui doivent
parvenir à un état d'équilibre avec leur environnement. Si le milieu est
plein de stimulations diverses, ils seront plus tard, à l'aise n'importe
où.
Si le milieu est pauvre en, ne serait-ce, qu'un seul type
de stimulations, par exemple le mouvement, le bruit, les odeurs fortes,
etc... la résistance à ce stimulus plus tard ne sera pas très élevée.
On peut dire que c'est dans la période qui va de 2
semaines à 12 semaines environ que va se fixer le seuil de résistance, son
propre système de référence en, quelque sorte, pour évaluer ce qui est
normal de ce qui pourrait être potentiellement dangereux.
II est évident qu'un chiot qui reste trop longtemps chez
l'éleveur sans sortir dans un autre milieu (départ après 4 mois) comme la
ville, même s'il a vécu dans un environnement enrichi aura un cadre de
référence limité et sera souvent un chien timide et craintif difficilement
adaptable ailleurs.
II - LE TRAUMATISME
Cette peur peut aussi être liée à un évènement brutal qui
engendre une douleur. Si le stimulus est assez intense il peut marquer le
chien, en une seule fois, à vie.
Imaginez un chien bien dans sa tête qui vit dans le
jardin pendant que son maître est au travail, un enfant du voisinage lui
jette un pétard qui explose brutalement, sans que le maître comprenne
pourquoi son chien a peur d'un seul coup des explosions (puisqu'il n'a pu
assister à cette mauvaise expérience).
III - LES MANIFESTATIONS DE LA PEUR
Celle-ci peut prendre différents aspects en fonction de
l'hérédité du chien, de son vécu presque là, de son tempérament.
La surcharge émotionnelle va se manifester dans un de ces
comportements
- La fuite
L'instinct de survie le pousse à quitter le champ
anxiogène, dans sa tête " le salut est dans la fuite ". Si on prend le cas
des feux d'artifice, on verra le chien s'échapper de la maison et courir
droit devant lui, comme si le danger résidait sur place (c'est d'ailleurs
une grande cause de fugue inexpliquée). Celui qui a peur des voitures va
brusquement tirer sur sa laisse et s'enfuir pour tenter de mettre le plus
de distance possible entre les véhicules et lui, ce qui peut-être une
source d'accident.
- L'agression
Lorsqu'il est submergé parla peur il y a une
désorganisation des comportements adaptatifs, pour tenir à distance la
cause de son angoisse il peut démontrer de l'agressivité et même aller
jusqu'à mordre ce qu'il craint. Quelquefois l'orientation de la morsure
peut être dirigée vers le maître qui le tient et qui cherche à le
rassurer. C'est une attaque de panique suivie d'un repli. Attention un
chien qui a peur peut souvent être dangereux.
- L'immobilité
Un mécanisme de défense qui consiste à se bloquer sur
place, les muscles tétanisés, le regard affolé. II peut chercher à se
dissimuler sous un meuble dans la maison ou entre les jambes de son maître
à l'extérieur.
Dans tous les cas on observe des manifestations
psychosensorielles et somatiques avec accélération de la respiration et du
rythme cardiaque, tremblements et secousses musculaires qui peuvent aller
jusqu'à la crise épileptiforme, hérissement du poil, hyper salivation,
dilatation des pupilles, quelquefois vidange des glandes anales, miction,
etc.
IV - LES DEGRÉS DE LA PEUR
- L'angoisse
C'est un état d'attente d'un danger ou la préparation à
celui-ci, qu'il soit connu ou inconnu. Le comportement typique de ceux que
l'on nomme " les chiens de chenils ", partis trop tard de l'élevage,
milieu d'élevage sans stimulation, mauvaise socialisation...
- La peur
Elle suppose que l'objet qui la déclenche soit
présent.
-La panique
C'est brutal, avec une crainte persistante et
irrationnelle (pour le maître surtout), d'un objet, d'une activité ou
d'une situation. On retrouve toujours un besoin impératif d'évitement.
- La généralisation
Par exemple la crainte d'un objet 1 va se transposer à un
objet 2, 3, 4, 5, etc. On en arrive à une claustration volontaire, le
chien ne veut plus sortir, cela peut aller jusqu'à ne plus vouloir faire
ses besoins qu'à l'intérieur de la maison ou dans le jardin.
Si nous prenons le cas du chien sensible qui s'est blessé
à la haie, il commence par refuser systématiquement de sauter celle ci,
ensuite il refuse tous les obstacles, puis de rentrer sur le terrain,
enfin, même à la maison dès qu'il voit son maître préparer le matériel
pour se rendre au club, il va se réfugier dans un coin Les méthodes
d'éducation coercitives peuvent également engendrer cet état de détresse
acquise.
V - COMMENT RÉÉDUQUER ?
- L'homéopathie
De plus en plus de vétérinaires ont recours à cette
médecine douce qui consiste, après avoir étudié le cas du sujet, à le
traiter avec des doses infinitésimales de produit. Des remèdes qui ne
soignent pas une maladie précise, mais plutôt cette maladie sur un
individu déterminé. Elle semble donner d'excellents résultats dans les
troubles comme l'anxiété.
- Dévier sur un autre comportement
Au moment où le stimulus déclencheur de la crainte
apparaît, on dévie sur un autre comportement ou sur un stimulus plus fort.
On peut utiliser selon l'individu de la nourriture (après privation pour
augmenter la motivation), un jouet auquel il est très attaché, un coup de
sifflet, etc.
- Le chien moniteur
On le fait entrer en phase de jeu avec un autre chien qui
maîtrise parfaitement ses comportements (devant telle situation ou tel
objet) et avec qui il a des relations amicales. II vaut mieux choisir un "
modèle " qui a un statut de dominant, donc que l'on doit imiter selon les
lois des canidés.
- Ne pas participer à son angoisse
L'éducation canine est une école de maîtrise de soi,
certains maîtres par méconnaissance de la psychologie canine, renforcent
les mauvais comportements, quelquefois même les imitent.
C'est le cas de clubs où pour accoutumer les chiots aux
coups de feu, le moniteur s'écrie au moment de tirer : " attention on va
tirer, caresser vos chiens pour le rassurer ! ". En fait c'est l'effet
contraire qui va se produire. Le chiot marche bien tranquille auprès de
son maître, soudain celui-ci se précipite sur lui pour lui parler et le
caresser, à ce moment-là les coups de feu retentissent. Le chiot voit son
maître qui démontre tous les signes de l'inquiétude, il est sur ses
gardes, soudain les coups de feu... Dans sa tête une détonation équivaudra
à quelque chose de potentiellement dangereux qu'il faut craindre. La bonne
méthode consiste bien sûr à courir et à jouer avec le chiot au moment des
tirs afin que ceux-ci demeurent à l'arrière plan, associés à de
l'agréable.
- La désensibilisation
On l'expose de manière graduelle aux facteurs anxiogènes
qui sont générateurs de réponses d'évitement ou de fuite, en associant
cette présentation avec quelque chose qui lui fait plaisir. Le stimulus
aversif va être présenté à un taux de plus en plus fort de manière
progressive, c'est la banalisation du problème.
A RETENIR
La peur est une émotion normale qui permet de se
soustraire à un danger, elle est liée à la survie. Elle apparaît face à
une situation ou à un objet inconnu si le chien a été mal préparé, par
exemple par manque de stimulation chez l'éleveur ou par manque
d'expériences multiples chez le maître (sortie).
Elle peut être d'origine génétique et ne concerner que
certaines lignées.
L'équilibre caractériel de la mère est très important
pour montrer la maîtrise des émotions.
Selon l'individu la crainte peut se manifester par la
fuite, l'agression, l'immobilité ou des comportements de substitution (se
lécher, creuser, tourner en rond, détruire, etc).
La rééducation passe par la maîtrise de soi dans les
situations sortant de l'ordinaire (coups de feu), dévier l'attention sur
quelque chose de fort et de motivant, désensibiliser progressivement en
associant avec de l'agréable, trouver un chien moniteur très stable qui
soit un modèle à suivre.
Par Joseph Ortega Courtoisie Sans
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